Je m'appelle Georges, mon épouse se prénomme Christine.
Nous avons deux fils, le premier, Stéphane, est né en 1975 à Nancy, le second, William, est né en 1985 à Nice, ville où nous résidons actuellement.
J'ai 53 ans et je suis chef d'une entreprise de 4 personnes et nous travaillons dans la publicité.

Ces témoignages que j'ai souhaité partager par écrit se sont déroulés durant ma vie chrétienne, ce depuis ma conversion, en 1976, jusqu à ces dernières années.

Je rapporterai mes témoignages par anecdotes, pas forcément dans l'ordre chronologique où ils se sont déroulés car ce n'est pas une autobiographie que je veux apporter mais, avant tout, des expériences vécues. Ces expériences, je le crois, apporteront une réponse à quelques personnes qui cherchent le "pourquoi" et la raison de leur existence. Elles susciteront pour d'autres, je le souhaite, l'envie de s'engager aussi dans une nouvelle vie avec ce Dieu mystérieux qui semble favorable à certains et pas à d'autres et j'espère qu'elles parleront aussi à tous ceux qui envient ceux qui semblent favorisés, les regardant comme des privilégiés ou les considérant comme des "chouchous" de Dieu.

MA RENCONTRE AVEC DIEU

J'avais alors 25 ans et j'habitai à Epinal, dans les Vosges.
Parmi les innombrables expériences que j'ai pu partager avec Dieu, les unes et les autres ont été bonnes, difficiles, douloureuses, extraordinaires, mais ce qui en ressort avant tout c'est que, si Dieu est invisible, ses réponses, elles, sont visibles, réelles, concrètes, parfois surprenantes, mais toujours avec des conséquences miraculeuses. Je dis bien "miraculeuses", car elles émanent de l'intervention directe de Dieu à la suite de situations que j'ai toujours choisi de partager avec ce Dieu si différent de ce que j’imaginai avant ma rencontre avec Lui.

J'étais sans religion et j'aimais un Dieu qui, au fond de moi, semblait être un Dieu distant mais pourtant paternel. Il me paraissait accessible uniquement par le moyen de la religion, d’une demande sincère accompagnée d’actes méritoires comme un pèlerinage, une bonne action ou même une demande faite avec insistance comme une prière fervente. Je crois cependant que je l'implorai surtout dans les moments critiques, dans ces passages difficiles de ma vie où j’utilisai la formule consacrée : S’il te plaît mon Dieu, fais-moi réussir mon examen !
Dans ces moments là, j’étais toujours persuadé de parler à un Dieu qui m’entendait !
Le reste du temps, je vivais ma vie, mes passions d’artiste peintre, mes ambitions à courir après toutes sortes de satisfactions matérielles, mon désir de m’enrichir.

Pourtant, si j’accomplissais une bonne action, je sentais l’approbation de ce Dieu qui, bien que distant, "devait" certainement apprécier mes actes méritoires. De même que, lorsque je commettais un acte répréhensible, je ne pouvais pas m’empêcher de sentir le regard pesant de ce Dieu qui semblait me parler au travers de ma conscience (et pourtant, je n’avais aucune religion).

Vers mes vingt quatre ans, je me suis mis à glisser sur une pente dangereuse, (alcool, tabac, sexe, violence…). Ma conscience, sûrement soluble dans l’alcool, ne me tourmentait plus et, du reste, j’avais toujours un argument philosophique à opposer à un reproche sur ma façon de vivre.
Pourtant, au cœur de ma déchéance, je sentais bien, dans mon for intérieur, que j’avais déjà franchi la ligne interdite qui ne me laisserait aucune chance de salut, ni par le purgatoire dont j’avais entendu parler et qui précédait le paradis, ni par une hypothétique négociation avec Dieu pour ce que j'aurai pu faire en échange de ce salut ! Je savais donc que j’avais dépassé le stade des petits péchés et je constatais subitement la gravité de mes actes.
Il me restait la possibilité d’aller me confesser à un prêtre et de repartir d’un bon pied et, si j’ajoutais en substance quelques bonnes actions autour de moi, Dieu m’en serait reconnaissant et montrerait sûrement de l'indulgence à l'égard des actes qui m’empêchait de dormir maintenant.

Des théories, toutes sortes d’arguments contestataires, des excuses, des accusations sur un Dieu coupable de négligence sur sa création, ont eu raison de mon sentiment de culpabilité et plus mon état empirait, plus je me déchargeai de ma responsabilité sur un Dieu apparemment indifférent à ce monde en souffrance.

Mon entreprise battait de l’aile, je m’endettai, même mon travail portait, comme je le disais, la marque de la poisse ! De plus, l’alcool n’arrangeait rien et mon ménage en souffrait beaucoup. Je commençais ce qu’on appelle "la descente aux enfers" et cette situation, qui s’envenimait chaque jour davantage, pesait de tout son poids sur ma déchéance.

Un jour, après une sortie avec un copain et un repas bien arrosé, après avoir battu ma femme qui avait tenté de me raisonner, ajouté à cela une accumulation de faits immondes, je pris conscience de l’ampleur catastrophique de la situation. Le désespoir s’était emparé de moi ! Je ne voyais plus qu’une issue au dégoût que je m’inspirais moi-même, le suicide !
C’était la finalité à mon désespoir qui était à son point culminant, émoussé par le taux d’alcoolémie que devait supporter mon sang.

Ce soir là, je pris le volant de ma voiture, déterminé à en finir avec la vie. Roulant à vive allure, sans considération aucune des règles de conduite et du respect du code de la route, la tension montait et je ressassai nerveusement mes problèmes, les amplifiants pour me donner le courage de m’écraser contre un arbre.
J’accélérais sur une ligne droite de toute la puissance de ma voiture, les platanes semblaient défiler à contresens, parallèles à la route. Je sentis alors mon cœur battre tellement fort que je pensais que si je ne le faisais pas de suite, le courage me manquerait et, alors que je donnais un brusque coup de volant sur la droite, je fermais les yeux ! J’ai ressenti de violentes secousses sous la voiture qui s’immobilisa au milieu de cette sombre nuit éclairée par la lune.

Je réalisais alors que la voiture était immobilisée dans un champ, la route était derrière moi et j’avais traversé l’espace entre deux platanes.
Je sortis de ma voiture et je m’effondrais sur le sol en pleurant et, levant les yeux vers le ciel, je criais à Dieu : « Je veux crever ! Je ne veux plus de ce monde pourri ! Et tu m’obliges à vivre dans cet enfer et, bien sûr, si je meurs, tu m’envoies aussi en enfer ! Tu as le bon rôle toi, tu n’as pas de problème et tu te fous pas mal de moi ! »
Ce soir là, j’ai ajouté, à l'attention de Dieu, textuellement, en levant le poing vers le ciel : « Descends de la haut si t’es un homme ! On doit parler tous les deux ! »

Je me suis réveillé le matin, dans ma voiture, avec la gueule de bois et transit de froid, réalisant pourquoi je me retrouvais dans ce champ et essayant de rassembler mes souvenirs. Je me demandais ce que j’allais faire de ma vie. J’étais au volant de ma voiture et je sentis une force invisible soulever ma main droite. Cette force invisible avait une douceur incroyable et elle me fit prendre le stylo qui était à portée de ma main dans la console. Me dirigeant vers le calepin que j’emporte toujours dans ma voiture pour noter mes devis, elle me fit écrire très doucement chaque lettre ! Mon cœur se mit à battre, une joie immense m’envahissait, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, mais une réponse du ciel me parvenait ! Un miracle était en train de se produire ! Dieu me répondait, j’en étais sûr ! Les lettres assemblées les unes aux autres donnaient ceci : « Georges, lis la Bible ! »

Quelle ne fut pas ma surprise ! La Bible ! C'est pour les curés ! Disais-je. J’avais vu un missel catholique une fois, mais je n’y avais rien compris !

Nous n'avons jamais eu de Bible dans la famille, mais l’excitation produite par ce miracle me redonnait goût à la vie et je remerciais Dieu et Lui demandais pardon de l’avoir insulté la veille. Je filais tout droit vers une librairie et, après un bon café bien serré, je me rendais à l’intérieur du magasin cherchant le rayon à la rubrique des religions. Une vendeuse me voyant perplexe me demanda : « Je peux vous aider monsieur ? » Je répondis à voix basse : « Je voudrais une Bible ! » Elle s’écria tout haut, me mettant mal à l’aise : « Vous voulez une Bible, mais c’est très bien ça monsieur ! L'ancien testament ou le nouveau testament ? » Ne comprenant pas la question je répondis : « L’ancien doit sûrement être périmé, donnez-moi le Nouveau Testament ! » Arrivé chez moi avec sous le bras un gros volume blanc contenant uniquement les quatre évangiles, je m’installais dans un fauteuil et j’ouvrais la première page de ma chère Bible, cette Bible que Dieu en personne m’avait miraculeusement demandée de lire.

Sur la première page était écrit : DIEU FAIT HOMME DESCENDU SUR LA TERRE POUR PARLER AUX HOMMES.
J’ai eu la gorge nouée, car cette fois Dieu me répondait pour de bon. N’avais-je pas défié Dieu de descendre sur la terre pour s’expliquer avec moi ?
La suite fut encore plus éprouvante et passionnante. La personne de Jésus m’apparaissait pour la première fois comme Celui qui m’avait répondu. Je dévorais littéralement les quatre Evangiles en trois jours, sans arrêt ! Au bout de ces trois jours, je savais une chose, même si je n’avais pas compris les paraboles, c’est que je devais me repentir devant Jésus et que je recevrai le pardon et le salut par son sacrifice à la croix.
Je me mis à l’écart dans un coin de ma chambre, il faisait sombre, mais je n’avais qu’un désir, vider mon cœur devant Jésus. Alors là, à genoux, j’ai commencé, difficilement, à énumérer mes pêchés et, au fur et à mesure que je demandais pardon pour quelque chose, d’autres souvenirs ignobles suivaient et plus j’en avouais et plus je pleurais et hurlais de dégoût en considérant cette vie.
J’ai dû pleurer pendant des heures… Puis, dans cette chambre sombre, une lumière très douce m'est apparue dans le coin où je me tenais à genoux et cette même force qui m’avait déjà touché serrait mes deux mains jointes et les élevait jusqu’à la hauteur de mon front. Je sentais la présence de Jésus devant moi et c’était Jésus qui tenait mes deux mains dans les siennes. Il était là, debout devant moi !

Je veux préciser qu'il s'agit là d'un témoignage véritable, relatant les faits authentiques qui m'ont amené à la conversion.

La suite des aventures écrites dans ce livre n’est pas moins extraordinaire ! Je précise toutefois que, si le Seigneur s’est servi de cette manière physique pour me rencontrer, jamais il n’a réutilisé de moyen identique jusqu'à ce jour. Je dis cela car Dieu s’adresse à chacun de manières différentes. Un tel a vu un ange, un autre est revenu de la mort, celui-là s’est converti sur un simple message biblique et, avec moi, Il a écrit en dirigeant ma main ! Mais personne ne choisit ni le moment, ni le lieu, ni le moyen.

UN CŒUR TRANSPERCE

Peu après ma tentative de suicide, environ une semaine après l’expérience que j’avais vécue, je me rendis chez ma belle-sœur et, lorsqu’elle m’ouvrit la porte, je constatais que deux personnes, un homme et une femme, étaient autour de la table du salon et, visiblement, j’avais interrompu une discussion. Je proposais donc d’attendre dans la cuisine en dégustant en café. Pendant que ma belle-sœur s’en alla rejoindre le couple, je me demandais s’il s’agissait de représentants d’articles ménagers ou bien d’une collection de Larousse. Peut-être étaient-ce des Témoins de Jéhovah.

J’entendis, malgré-moi, la personne barbue parler du besoin de l'homme de partager ses soucis avec son Créateur et encore d’autres choses qu’il m’aurait plu d’approfondir. Pourtant, du fait que ces choses là étaient dites comme ça, à domicile, j'en arrivais, à cause de mes principes, à rejeter tout ce qui avait trait à quelque religion qui soit démarchée en porte à porte.

J’avais déjà vu à l’œuvre de Témoins de Jéhovah tenaces et j’évitais de les provoquer, même si la curiosité était là.

Le barbu était souvent interrompu par la femme et celle-ci argumentait en faveur de ses propos, comme pour affirmer une complicité féminine et mettre ma belle-sœur à son aise. Lorsque, à la fin de la discussion, ils entreprirent de partir, le barbu remit à ma belle-sœur, sur le pas de la porte, un genre de prospectus et, se tournant vers moi dans la cuisine, vint me serrer la main pour me dire au revoir comme le fit aussi sa compagne.

Je n’ai jamais lu ce prospectus ni vu l’adresse à laquelle était liée l'invitation gratuite de ses gens. Une fois la porte refermée, ma belle-sœur respira un bon coup en me disant, d’un air soulagé : « J’ai bien cru qu’ils ne me lâcheraient jamais… Heureusement qu’ils ont vu que tu attendais ! »

Quelques jours plus tard, précisément un dimanche matin, une violente dispute s’engagea entre ma femme et moi, des injures, de la vaisselle cassée (des soucoupes volantes) qui s’écrasaient sur le sol ! M'étant alors résigné à quitter la maison, je pris donc ma voiture et roulais sans but précis dans le centre ville d’Epinal, ressassant l’objet de nos disputes.
Je stationnais sur une place déserte et, laissant là la voiture, je marchais dans un quartier qui m'était complètement inconnu, bien que faisant partie du centre ville. Je regardais alentour s’il ne s’y trouvait pas un café-bar et, tout en marchant le long du trottoir, je passais alors devant une double porte vitrée, granulée jaune, à travers laquelle je voyais de la lumière. Curieusement, ce qui me fit alors tourner la tête vers cette porte fut un chant bizarre, comme celui d’une école de chorale. Est-ce que quiconque entend un cantique a ce genre d'appréciation ? Je l'ignore, mais c'était la mienne ! J'interrogeais tout d’abord la petite plaque apposée au mur et il était écrit : "Eglise évangélique" Entrée libre et gratuite…

Comme il était précisément 12 h et 20 mn, je me demandais s’il ne s’agissait pas d’une répétition. Après déductions, considérant que l’entrée était libre, que c’était ouvert et que l’expérience que je venais de vivre, après ma tentative de suicide, m’avait amené à Dieu de manière si miraculeuse, j'ai pensé : « C’est peut-être Dieu qui m'a conduit aussi dans cet endroit ! »

Courageusement, je différais mon "rendez-vous" avec un bistrot pour faire un pas dans l’inconnu. D’abord ce fut le bout de mon nez qui, à travers la porte à peine entrouverte, scruta les environs. Ensuite, ma tête suivit et, d’un coup d’œil furtif et à mon grand étonnement, devant moi s'alignaient des rangées de chaises et des personnes étaient assises, la tête baissée, marmonnant des paroles dans une langue que je ne comprenais pas.
Personne ne me remarqua car ils me tournaient tous le dos et plusieurs semblaient comme en transe !!! Alors, discrètement, j’osais entrer et m'asseoir dans une chaise du dernier rang. Cela ne faisait pas dix secondes que je scrutais les lieux qu'un homme se leva et se retourna brusquement en m’interpellant ainsi : « Ah ! C’est vous ! Venez près de moi ! »

Horreur ! C'était le barbu ! Je faisais signe que non avec le doigt, mais il insista jusqu'à m’humilier devant tous ces gens qui me scrutaient à présent. Alors, m’entourant de son bras, il me conduisit au premier rang. Je reconnus la femme qui l’accompagnait, sa compagne en fait. Je me retrouvais donc pris au piège dans cette souricière et je sentais les regards inquisiteurs de cette assemblée qui allait sûrement me dévorer tout cru dès que la réunion serait terminée !

Le pasteur me demanda mon nom, confirma m’avoir croisé dans l’appartement de ma belle-sœur et me remercia d’avoir accepté l’invitation qu'il nous avait faite mais m’avoua être surpris que je sois venu assister à une réunion de jeûne et prière plutôt qu’à la réunion d’évangélisation qui avait lieu à 15h.

Je n’osai pas ouvrir la bouche devant ce public inconnu et je laissai croire que mon empressement à les voir m’avait fait venir en avance.
J'ai commencé à vivre une dimension nouvelle dès l’instant où il s’éleva derrière moi des prières. Ces prières étaient tellement belles et tellement nouvelles pour moi, cette spontanéité à formuler devant Dieu des demandes et à exposer les sentiments des cœurs, cette liberté de parler sous forme de chant et ces "parlers en langues" que j’assimilais à des langues orientales ou asiatiques mais incompréhensibles et quelque peu barbares, oui ! Tout cela créait une dimension nouvelle.

Un flot de questions m’embarrassait, alors que le Barbu se présentait au pupitre : Pasteur Jean Loup SALZMAN !
Il proposa d’ouvrir la Bible et de s’y rejoindre sur un passage ! La Bible, m'étonnai-je ! J’aurais dû apporter la mienne… si j’avais su ! Une main venant de derrière moi me tendit une petite Bible à la page indiquée. Je remerciais la personne et mon regard se perdit au milieu de tous ces versets pendant que le Pasteur lisait.

Je constatai que l’Ancien Testament était toujours en vigueur et rattaché au Nouveau et, en plus, on avait ajouté pas mal de livres à mes quatre Evangiles ! Moi qui pensais qu’il n’y en avait que quatre ! A voir le contenu de cette Bible, je pensais que j’en aurai pour plus de trois jours à la lire, mais je comptais bien la comparer à la mienne et je me suis alors décidé à m'en procurer une dans l'endroit qui m'accueillait !
Mais pourquoi la libraire m’avait-elle proposé l’Ancien ou le Nouveau testament ?

Enfin, le pasteur commença une courte prédication. D’abord, je pensais à un coup monté. Mais par qui ? Je ne le savais pas, mais ça semblait bien monté car le pasteur parlait de l’importance de notre vie devant Dieu et de notre valeur à ses yeux. Il disait aussi que certains détruisent leur vie par le pêché, l’alcool et d’autres choses et que d'autres, ignorant l’Amour de Dieu à leur égard, attentent à leur vie.

A la fin de la prédication, je ne pouvais plus m’empêcher de pleurer dans mes mains ? Mon cœur était transpercé. J’ai alors senti une main sur mon épaule tandis que le pasteur et toute l’assemblée priaient très fort pour moi. Plus ils priaient et plus je pleurais, (une prière liquide… peut-être… sans doute !).

Je suis resté à la seconde réunion où beaucoup de personnes sont venues me saluer. Je n’ai jamais ressenti autant de simplicité et d’amour qu’en ce lieu, entouré de personnes que je ne connaissais pas et qui pourtant ne me mettaient pas mal à l'aise. Cette sensation, je ne l'avais jamais ressentie auparavant.

A partir de ce jour à Epinal et durant cinq ans, je n’ai plus quitté cette assemblée et je n'ai plus touché, ni à une cigarette, ni à de l’alcool, ce, du jour au lendemain et absolument sans aucunes souffrances, celles qu'aurait pu provoquer le manque de ces drogues !

LE GATEAU

J’avais pour habitude de faire un gâteau le samedi soir et, ce soir là, ma femme et mon fils regardaient la télévision au salon. Il me vint une idée bizarre, celle de confectionner aussi un gâteau pour mon Dieu. Je préparais donc deux gâteaux, les versais dans deux raviers et les mis au four.
Je ressentais une grande joie de pouvoir offrir un gâteau, de tout mon cœur, à mon Dieu. Et je le louais… en surveillant le four mais, d’un coup, il me vint un terrible doute : « C’est bien de faire un gâteau à mon Père céleste, (me dis-je) mais comment va t-Il le manger ? »
En sortant les gâteaux du four, je réfléchissais ! Manger les deux ? Pas question ! Le donner à un pauvre ? Le jeter ? L'apporter à l’Eglise ? Terrible dilemme !

Je coupais le premier gâteau et l’emmenais au salon et, de retour à la cuisine, je regardais le gros gâteau, perplexe, me disant : « Suis-je bête à ce point de faire ce gâteau à mon Dieu qui ne peut pas le manger ? » A ce moment là, la petite voix douce que je reconnais entre mille me dit : « Pose le gâteau sur le rebord de la fenêtre ! » Je pensais : « C'est la voix de Jésus, je la reconnais ! » J’ouvris alors la fenêtre de la cuisine et là, je déposais le gâteau. Au cinquième étage de l’immeuble, aucun risque qu’on me le vole !

Le lendemain matin, au réveil, je repense subitement au gâteau sur le rebord de la fenêtre et surtout au fait que je devrai expliquer à Christine une chose très particulière… Ce gâteau était là comme une offrande à Dieu ! C’est sûr, elle appellerait le docteur tout de suite ! Je me précipitais donc vers la cuisine, me demandant toujours ce que j’allais en faire et, me penchant sur le rebord de la fenêtre, je vis l’assiette VIDE ! Les oiseaux avaient tout mangé…

S'INCLINER DEVANT LA VOLONTE DE DIEU

A la suite de mon engagement personnel au sein de l'Eglise où j'allais à présent (une Assemblée de Dieu), je pris la résolution, compte tenu de mes dettes et de mon passif excessif, mais aussi de mes échecs, de trouver une place chez un employeur. Nous avons alors demandé au Tribunal de Commerce un règlement judiciaire et nous avons déménagé pour un appartement dans une HLM.
Je trouvais facilement une place de peintre en carrosserie dans une usine Citroën.

L'appartement que nous habitions à Epinal me plaisait beaucoup, il me plaisait d’autant plus que j’avais une petite pièce aménagée en bureau. C'est là que je pouvais donner une mesure à ce que je vivais et m'exprimer pleinement. Pour cela, je m’entourai de la Bible, de livres chrétiens, d’une concordance, de commentaires, de cassettes de chants, bref… de quoi répondre à ma nouvelle passion. Elle est d'ailleurs toujours là, en 2004, même s’il y a eu des "récréations", des moments où ma passion s'est affaiblie pour un temps.

Je dois dire que cette année passée à l’église fut le fruit de grandes expériences et de nombreuses bénédictions dont mon entourage familial bénéficia sous diverses formes. Je me suis mis alors à envisager sérieusement de me mettre au service de l’église. J’avais le désir profond de devenir prédicateur, conscient que je devrais passer par une période de formation.

Le Pasteur Jean NEDELEK, remplaçant du Pasteur Jean-Louis SALZMAN, me prit en main et me témoigna une grande affection, il avait plus de soixante dix ans.
Il était devenu notre "grand-père" et même ma femme, qui n'était pas convertie à Jésus, le recevait comme étant vraiment de la famille. Spirituellement, il suscitait l’admiration de tous… de 7 à 77 ans !
Il me demandait souvent de lire des textes ou de rendre des témoignages au pupitre, à l'Eglise. Il me montrait comment étudier la Bible, comment concentrer mes pensées et organiser tout ce qui était nécessaire pour préparer une prédication.
Quand j’avais un problème, il me disait : « Viens, je vais t’aider ! »

Je me sentais promis à un avenir au service de Dieu et j'étais encouragé à cela, cependant, un "mais" devait venir s'immiscer dans ce chemin qui semblait tout tracé. Ce "mais" me ramenait trois ans plus tôt, en 1983, j'avais alors vingt ans. Ma grande erreur ? Une expérience malheureuse ! En fait, je m'étais marié un peu trop hâtivement, sans conviction, et il y eut séparation un an plus tard suite à une dispute. Je décidai alors de quitter le domicile conjugal et d'aller chez ma mère à Monaco. J’avoue que je ne me souviens plus ce que j’avais en tête à cette époque, probablement des enfantillages pourrais-je dire. Toujours est-il que le résultat était là ! J’attendais que ma femme m’appelle et me rejoigne, mais ma mère l'ayant eue au téléphone, à mon insu, lui interdit de m’appeler. Ma mère m'en fit part quelque temps plus tard et, lorsque je fis des recherches pour retrouver ma femme, j'appris qu'elle avait déménagé de Lyon sans laisser d’adresse. Je ne la revis jamais plus et le divorce fut prononcé d’office.

En fait, le "mais" était là, le divorce est un obstacle à l'exercice d'un ministère de prédicateur de l’Evangile au sein des Assemblées de Dieu !
Je crois que le jour où l’on m’a dit que c’était irrévocable et que ne pouvais rien y changer, ce en avançant l'argument du témoignage rendu, le monde s’est écroulé autour de moi !
Je ne comprenais pas que des hommes, anciens ivrognes, anciens proxénètes ou criminels même, aient été admis à l'exercice du ministère pastoral, mais pas les divorcés ???

Quelque part au fond de moi, d’un seul coup, tous mes espoirs, mes projets, mes rêves, furent brisés, anéantis. Le Pasteur NEDELEK tenta de me réconforter en me disant qu'il y avait bien d'autres manières de servir Dieu.

Je commençais alors à me relâcher sur mes méditations spirituelles journalières et sur les préparations de sermons. A quoi bon ! Pour quoi faire ? Et puis… Dieu ne m’avait peut-être pas appelé !

Bientôt, il me fallait réfléchir à mon avenir, puisqu’il fallait bien reconstruire quelque chose et envisager un "nouveau" futur.
Bien sûr, autant demander à Dieu sa volonté pour moi. La pensée qui me vint alors fut celle-ci : « Pourquoi ne pas redémarrer une entreprise, toujours dans la publicité, mais sans les erreurs commises par le passé. »
Je me réconfortais en me disant que, même en étant artisan, il n'y avait pas de meilleurs moyens pour toucher les cœurs après tout. Et puis, quel mal y a-t-il à vouloir être artisan tout en appartenant au Seigneur. Apporter l’Evangile autour de soi librement n'était-il pas un merveilleux projet ?
Je remis donc mon projet devant Dieu et, comme je ne cessais jamais de tout Lui partager, je Lui partageais toute une liste de mes nouvelles résolutions.

Il y avait un an que je travaillais chez Citroën et je préparais ma sortie ! Je pris donc des contacts avec mes anciens clients en leur disant que j’avais dû momentanément cesser d’exercer, mais qu’ils pourraient bientôt compter sur moi !
Pratiquement, tous ceux que je visitais ou contactais me promettaient du travail dès mon retour. Les portes s’ouvraient, j’élaborais de nombreux projets et une nouvelle tactique pour être plus efficace.

Je demandais sans cesse des conseils et une confirmation à mon Dieu, mais je n’obtenais aucun signe ! Cela pourrait faire sourire certaines personnes, mais j’affirme que si nous faisons le choix de marcher par la foi, si nous obéissons à sa parole et si nous restons à son écoute, Dieu nous dirige de manière très claire. Il sait en effet comment nous faire comprendre ce qu’Il veut de nous ou pour nous !
Malgré cette assurance, je dois avouer que je ne recevais aucun signe !
Après tout (me disais-je) qui ne dit rien consent ! Ou bien, le Seigneur me laissait faire un pas de foi !
Je décidais donc de démissionner de chez Citroën !

Christine prit très mal la situation et une violente dispute s’ensuivit. Je lui dis que Dieu allait prendre mon affaire en main, ce qui aggrava encore plus notre discussion. Elle ne voyait que des catastrophes futures à mon initiative.

Après les démarches accomplies à la Chambre des Métiers et aux divers organismes, fort des promesses que m’avaient faites mes clients, je retournais leur rendre visite avec mes pinceaux et mes boîtes de peintures, en quête d’une publicité, d’un véhicule, d’une façade, d’une vitrine, d’un panneau ou d’un calicot à peindre. Tous se désistaient et fournissaient des excuses ! Ceci dura jusqu’au terme du premier mois.
Au cours du deuxième mois, les finances étaient au plus bas et je ne comprenais pas le silence de Dieu. Un jour nous n’avions même plus de quoi nous nourrir et là, je m'interrogeais : « Etais-ce une mise à l’épreuve précédent la révélation ? La récompense de ma foi ? Avais-je omis d’attendre la réponse de Dieu ? »

Je dus vendre, à contre cœur, une harpe celtique que j’avais montée et décorée du Nom de Jésus ainsi qu'un gros poste radio stéréo et ce, pour une somme modique.
Je ramenais à la maison un cageot de légumes, de la viande et des fruits… Et je ne pouvais même plus écouter mes cassettes de cantiques ayant vendu mon appareil !
Ce soir là, la tristesse étant descendue au plus profond de mon âme, je m’agenouillais pour prier longuement et la réponse se fit bien entendre, très claire : « Retournes chez Citroën ! »
J'étais stupéfait ! Quoi ? Retourner chez Citroën ? Jamais !
« Ce n'est pas possible que ce soit Dieu qui me parle comme ça ! » Me dis-je. Et, très fâché, j’allais me coucher !

Le lendemain, après une longue nuit de méditation et de tristesse, je pris la résolution de m'incliner devant la volonté de Dieu et de retourner chez Citroën. Tout le long du trajet vers l’usine, je répétais au Seigneur : « Tu es sûr que tu veux que je retourne chez Citroën ? » Cette fois c’était clair, la réponse était oui ! Là, j’entendais bien cette réponse, mais je la faisais répéter à plusieurs reprises, au cas ou…

Arrivé sur les lieux, le personnel me fit beaucoup d'honneur en m'adressant des : « Salut Curé ! » Ils m’avaient affublé de ce nom car, la plupart du temps, je ne parlais que de Jésus et combien avaient sollicité, en cachette, mes intercessions pour leurs problèmes personnels. Même mon chef qui, devant passer au tribunal pour avoir brûler un feu rouge, m’avait demandé, discrètement, de prier pour lui. Il s’en était sorti avec un simple avertissement et il avait la joie de me le raconter.

Le directeur de l’établissement me salua et m’invita cordialement à m’asseoir à son bureau. Il me demanda comment allait mon entreprise. Je répondis en lui partageant la vérité sur ma situation et je lui confiais que le personnel m’avait dit à l’entrée : « Tu reviens parmi nous ? Nous n'avons toujours pas de peintre ! »
Le directeur me regarda un moment et, désolé, il répondit : « C‘est dommage, je vous aurais préféré, mais un nouveau peintre revient d’un stage dès demain et il est déjà engagé ! »

A ce moment là il y eut un flottement dans mon esprit, je ne comprenais plus rien à la situation mais, au fond de moi, une réaction, que je préfère ne pas qualifier, me fit dire à l’intention de Dieu : « Tu es témoin Seigneur, il ne veut pas de moi ! » Et, curieusement, j’avais envie de m’enfuir au plus vite, en pensant qu’il pourrait changer d’avis ou me proposer un autre poste.
Arrivé dans la voiture et avant de redémarrer, je cherchais la signification de ce qui m’arrivait ! Et si je me faisais des idées… tout simplement ?
Alors cette voix que je connais bien revint encore cette fois et me dit clairement : « Je voulais savoir jusqu’où tu m’obéirais et, puisque tu m’as obéi, alors maintenant je te le dis, tu peux travailler à ton compte, avec ma bénédiction ! »
Que croyez-vous que j’ai fait ? J'ai pleuré et… de joie !

Arrivé chez moi, Christine, qui pensait que j’avais pris une sage résolution, se mit en colère parce que je n'avais pas obtenu cette place et redoubla de colère lorsque je tentais de lui expliquer ce que Dieu m’avait dit. Allez donc comprendre les femmes !
Le lendemain matin je pris la voiture pour aller chercher du travail. Bizarrement j’étais confiant, mais pas très enthousiaste. Je roulais sans but précis, je ne savais pas à quelle porte frapper, mais j’avais le sentiment que la première personne que je verrai me donnerait du travail.

Je tournais en rond depuis un moment et j’éprouvais le besoin de me garer dans un endroit tranquille pour prier et faire le point avec mon Dieu. Je sortis complètement de la ville et, une fois à l’écart, j’empruntais un petit chemin qui semblait ne mener nul part ! Au bout du chemin, malheureusement pour ma retraite, je me retrouvais sur un genre d’immense parking boueux et devant un bâtiment en tôles ondulées de plus de cent mètres de long. Je compris alors que j’étais devant un commerce de ferrailleur. Devant la porte d’entrée, un gros bonhomme décontracté fumait une cigarette. Il m’observa fixement puis, s’avançant lentement vers ma voiture, il me dit : « On se connaît ! Vous êtes le peintre en lettres Anton ! »
J’étais sidéré, d’autant plus que moi, je ne le connaissais pas !

Sans que je lui demande quoi que ce soit, il me dit : « Je voudrais des lettres en contreplaqué de 2 mètres de haut chacune, peintes en orange, sur une armature métallique solide le long du toit du bâtiment. Vous me faites un devis pour l’enseigne "Aux Ferrailleurs Vosgiens". Je la veux sur cent mètres de longueur car je veux qu’on me voie depuis l’autoroute ! »

Excité comme jamais, je pris des mesures, je dessinais le projet et fis l'évaluation pour le matériel.
Un moment d’inquiétude vint m'envahir lorsque j’additionnais l’ensemble des prestations et l’évaluation des fournitures… une petite fortune ! En 1975, cinquante mille francs ! Mon chiffre d’affaire d'alors tournait autour d'une moyenne mensuelle de 6000 Francs. Je me disais : « A ce prix là, il va refuser ! » Mais pourtant, j'avais absolument besoin de ce chantier, c'était vital !
J'entendis alors cette douce voix paternelle me disant : « Ce travail là, il est pour toi, alors demande le prix JUSTE ! »

J'avoue que l’enjeu était si important que j’ai hésité avant d’inscrire le chiffre définitif. Je me suis alors convaincu que nous pourrions toujours discuter après… s’il ne s’était pas évanoui auparavant !

Je me rendis à son bureau et lui expliquais que je n’avais pas de local ni de poste à souder. Il me montra du doigt un poste à soudure et me dit : « Et ici, vous n’auriez pas la place suffisante ? Installez-vous sans problème ! »

Devant tant de bonté, comment oserais-je lui tendre cet ignoble devis ? Alors, en tremblant et en balbutiant maladroitement des arguments pour justifier mon devis, je lui tendis ce brouillon avec la maquette, heureusement bien dessinée.
Pendant que je continuais d’exposer les mesures que je devrai prendre pour fixer une armature le long du toit, il lécha ses doigts, plongea ses mains dans un tiroir et se mit à étaler là, devant moi, sur le bureau, des billets de banque. Je n'avais jamais eu, de ma vie, autant d’argent en une seule fois ! « 30% ! » Me dit-il sèchement. « C'est bien ça ? Alors signez ici ! »

LE CHATEAU

Les finances renflouées, ma femme, dès lors convaincue que l’entreprise allait marcher, se prenait tout doucement au jeu en participant aux comptes, à la paperasse, elle prenait même plaisir à travailler avec moi. Christine devenait donc ma femme, ma secrétaire, ma conseillère, mon employée et aussi, ma cuisinière.

Un problème vint se poser en s'aggravant rapidement, le fait de travailler la peinture glycero dans un appartement HLM chauffé par le sol. Les émanations nous indisposaient et, de plus, naviguer entre la cave et le 5ème étage pour exécuter les pancartes publicitaires relevait d’une véritable prouesse !

Je cherchais depuis plus d’un mois sur les annonces, une maison indépendante avec un atelier ou, au minimum, un grand sous-sol. Je devine ce que vous pensez ! L'ai-je demandé à mon Papa céleste ?
Maintenant que vous me connaissez un peu, vous vous doutez bien que je l'ai fait et ce, durant une semaine et avec beaucoup de foi. Je n'avais pas de réponse mais je persévérais une seconde semaine devant ce Dieu qui peut tout, puis une troisième et, la 4ème semaine, j’ai commencé sérieusement à bouder !

Je me souviens de ce soir, en particulier, où je posais cette question au Seigneur : « Pourquoi, chaque fois que je trouve la maison qui me convient, quelqu’un d’autre la loue avant moi ou bien il y a des empêchements ? »
Je me perdais en raisonnements futiles et je reprochais à Dieu de trop me faire espérer en Lui et je décidais de ne plus compter dorénavant que sur moi-même. Je demandais même à Dieu de me laisser vivre normalement et, dans un accès de colère, je jetais ma Bible sur le sol…

Un long moment s’est passé. Imaginez la scène ! Moi la tête dans mes mains, accoudé sur mon bureau et là, parterre, près de moi, la Bible ouverte !

J’ai eu d’abord des remords et j'ai commencé à regretter mon accès de colère. Je disais au Seigneur : « C’est vrai quoi ! Tu fais tout pour m’énerver ! » Et je me penchais pour ramasser la Bible… Et là, chose incroyable (sauf si cela vient de Dieu), je lus ce passage à l’endroit où la Bible s’était ouverte au sol : « Père n’irritez pas vos enfants de peur qu’ils ne se découragent » (Colossiens 3:21).

A ce moment là, plus que dans n’importe quel verset biblique ou il est démontré que Jésus s’est humilié de plusieurs façons, j’ai ressenti l’Amour tout puissant de Dieu à mon égard.
Le Seigneur était en train de me demander pardon… de m’avoir irrité !

Alors, les larmes ont commencé à couler de mes yeux et je n’avais qu’une envie, celle de courir me serrer dans les bras de mon Dieu, de lui demander pardon de l’avoir mal jugé et d’accepter dorénavant toutes ses décisions avec confiance.

Je crois que j’ai dormi avec une nouvelle facette de la personne de Dieu. Nous croyons toujours connaître notre Papa céleste et Il ne cesse de nous surprendre au travers de son infinie sagesse et de son grand Amour.
Le "grand jour" arriva enfin ! Je ne dirais pas "à mon insu", car après l’expérience très profonde que je venais de vivre je savais, comme par instinct spirituel, que dès que Dieu s’approchait de moi de cette manière, les jours qui suivaient allaient être comme la mer rouge qui allait s'ouvrir devant moi. Je prenais alors le journal et là, dans les annonces de location, je découvrais l'annonce suivante : «Maison avec dépendances - Conviendrait à artisan»
« C’est pour moi ! » Dis-je. Pas la peine de se presser, le Seigneur me la réserve !

Armé de ma plus noble tenue de combat, ma foi, j'ai pénétré dans cette agence qui allait rédiger le bail à mon nom.
Je me présente au bureau de l’agence en détaillant ma demande et l’employée, après avoir consulté ces archives, me répondit : « Nous venons juste de louer cette maison, c’est dommage pour vous ! »
Alors j’insistais en disant : « Vérifiez quand même, c’est signé ? C’est officiel ? Téléphonez ! »
Elle me rabroua et me dit : « Enfin, vous êtes ridicule, n’insistez pas ! »

Je connaissais cette étape, pourrais-je dire, étape où le Seigneur me fait une blague avant de m’accorder ce que je veux !
Alors je restais sur le pas de la porte de l’agence, attendant que l’employée m’appelle pour autre chose ou pour cette maison qui miraculeusement se trouverait libre à la location, mais elle me regardait de travers !

En fait, je devrais dire que je prenais position ici, c'est vrai, mais aussi devant mon Père céleste, m’attendant plus que jamais à Lui seul !

Au bout d’un long moment, je commençais à vaciller dans mes certitudes, pensant qu’une autre location arriverait plus tard et ailleurs.
Au moment précis ou je passais la porte pour m’en aller, un homme distingué me croisa et, se retournant, me dit : « Nous nous connaissons ! Ne seriez-vous pas Anton, le peintre en lettres ? »
Décidément, ma renommée me dépassait ! Mais, en effet, j'avais fait une enseigne pour lui deux ans auparavant.

Il me demanda pour quelle raison j’étais là et je partageais l'objet de mes recherches. Il me fixa un moment puis me dit : « Je crois savoir ce qui vous conviendrait le mieux ! » Il me fit monter les escaliers pour se diriger vers son bureau. L’employée me voyant passer devant elle avec le patron me mitrailla de ses deux yeux méchants et pleins de reproches ! Quelqu’un qui insiste lourdement et qui dérange le patron en personne, c’est plus que dérangeant !

Arrivé dans son bureau, il a commencé par ouvrir un dossier et à me demander quelques renseignements. Apparemment, je passai l’épreuve avec succès, mais je ne savais toujours pas ou il voulait en venir. Il téléphona alors devant moi et, s’exclamant au téléphone, dit à son interlocuteur : « J’ai trouvé votre homme digne de confiance, je le connais. Comme il est artisan, l’idée me semble parfaite pour votre Gardiennage ! »

De plus en plus étonné de la tournure que prenaient les évènements, je commençais à m’impatienter et manifestais le désir d'avoir des explications !
Le chef d’agence m’explique alors les choses ainsi : « Voilà, me dit-il, à 15 Kms d’Epinal, près de Gérardmer, se trouve une grande usine, la «Papeterie Boucher», et depuis 50 ans les directeurs de l’usine sont logés par la Papeterie dans une maison au bord de l’usine. Comme depuis des années le directeur préfère sa propre maison, il devient nécessaire d’occuper cette habitation à l’abandon ou d'y mettre en place un gardiennage. Il semblait que l’idée plaise au responsable de l’usine. »

Nous partons donc avec nos voitures et je prends Christine au passage. Arrivés à Docelles, à proximité de l’usine, un petit bosquet nous accueillait. Nous avons arrêté nos voitures devant un magnifique portail qu’il a ouvert. Nous avons roulé sur environ 200 mètres à travers un parc et un jardin magnifique puis, la surprise ! Là, devant nos yeux ébahis, un petit château qui s'élevait sur 3 étages, revêtu d’un manteau de lierre.
Nous avons laissé nos voitures sur le parking aménagé devant les garages et il nous fit entrer par derrière.

Nous pensions qu’il s‘agirait d’occuper uniquement le premier étage, mais après avoir ouvert la lourde et luxueuse porte en fer forgé et vitrée, nous nous sommes retrouvés alors devant une entrée royale, un escalier immense recouvert de velours avec des cordes en or en guise de rampe murale. Un salon de vingt deux mètres de long, tout en Louis XV, ravissait nos yeux. Les chambres avaient chacune sa salle de bains équipée de robinetteries en or, un boudoir et d'immenses balcons. Il y avait une grande cuisine avec un office. Le troisième étage était composé de chambres de bonnes. Il y avait aussi le sous-sol, cave, garage immense…

Les questions fusaient et l’inquiétude nous saisissait : « Combien pour chauffer tout ça ? Combien de loyer ? »
La réponse de notre bienfaiteur ? « Pas de loyers, puisque vous en êtes les gardiens. En revanche, si vous n’êtes pas rémunérés pour le gardiennage, sachez que toutes les servitudes sont directement rattachées à l’usine qui se trouve à 50 m par réseau souterrain. Le fuel, l’eau, l’électricité, le gaz… Le tout gratuit ! »
Le moment le plus drôle où nous avons éclaté de rire avec ma femme fût lorsque nous avons aménagé la maison ou plutôt, notre château, que le Seigneur nous avaient réservé, nous avions alors disposé la télévision à une extrémité du salon et les fauteuils à… vingt mètres !

IL SE LEVA SUR SES DEUX JAMBES

Au début de mon activité, je devais souvent sous-traiter certaines prestations compte tenu de mon impossibilité d'embaucher à temps complet.

Un jour, un client me demanda le rafraîchissement de sa façade ainsi que la fabrication de l'enseigne indiquant le nom de son magasin.
Je trouvais alors un peintre en bâtiment et, après que nous nous soyons entendus sur la durée du chantier, nous nous sommes mis d'accord sur la façon dont nous allions collaborer.

Ce jeune peintre se prénommait Youssef, il était âgé de 25 ans environ. Il était d’origine marocaine et nous nous entendions très bien.

Un jour, alors que je passais le chercher au bas de son immeuble, il m’invita à monter chez lui prendre un café et j’acceptais volontiers.
Sa mère s’empressa d’être aux petits soins pour me faire honneur et, devant une assiette de gâteaux orientaux présentés sur un modeste service d’argenterie, le thé, le café, le lait et le sucre, abondaient sur la table de la salle à manger.
Sa maman était habillée selon leur coutume et cela ne me choquait pas du tout étant moi-même né au Maroc et malgré que je sois rentré très jeune.
La conversation avait du mal à s’engager, je ne savais pas de quoi parler, sinon que de notre travail en cours.

Un moment, j’entendis un homme tousser juste derrière moi, à quelques mètres. Un rideau séparait la salle de séjour de ce qui semblait être un petit salon.
Je regardais Youssef, qui comprit de suite l'objet de mon interrogation. Il se leva alors et traversa la pièce vers le rideau, puis dit à cet homme en arabe : « C’est mon employeur, puis-je te le présenter ? » Il répondit oui et se prépara. Alors, le rideau s’ouvrit sur un grand lit et le père de Youssef, qui était alité, me fut présenté. Je le saluais, désolé que j'étais de le déranger dans son sommeil mais, en vérité, ce brave homme était paralysé. Ce lit et son siège roulant étaient tout son univers dans cette maison.

J’étais ému pour ce pauvre homme qui me montra, résigné, le tapis accroché sur le mur qui représentait le Coran et toute sa symbolique.
Il me disait : « Mounana ! » Quelque chose comme : « Dieu me voit ! »
Je commençais à parler de mes souvenirs, de mon enfance au Maroc, et cela permit de nous mettre à l’aise sur ce simple point commun !
Je lui demandais alors ce qu’il pensait de Jésus, ce à quoi il me répondit qu’il Le respectait comme un très grand prophète.
Je lui affirmais que Jésus est le Fils de Dieu et Dieu Lui-même et qu'Il s'est manifesté aux hommes de toutes races et de toutes nations. Je lui présentais Jésus comme Celui qui sauve et qui guérit quiconque se repent devant Lui et L’invoque.
Il était ému de ce que quelqu’un puisse lui apporter un message d’espoir mais il avait un air tellement résigné qu’en moi-même je disais : « Il ne croit probablement en rien en dehors du Coran ! »

Je demandais alors à Jésus : « Seigneur que ferais-tu là, maintenant ? »
Alors, sans plus attendre, je dis à cet homme : « Je vais prier pour vous, maintenant, avant de partir travailler ! »
A mon étonnement, il prit ses jambes une à une en les soulevant de ses deux mains puis, tremblant et au prix de gros efforts, il parvint à s'asseoir au bord du lit.
Encouragé par son acte d’humilité, je posai un genou à terre, mis une main sur son épaule et l’autre sur ses jambes, puis implorais la grâce et la puissance de Jésus sur cet homme. Je remerciais Jésus d’aimer et de bénir cette famille et aussi de m’assister dans ma demande de guérison, moi qui n'étais qu’un jeune chrétien avec une petite foi.

Pendant que je priais, là, à genoux, une pensée furtive traversa mon esprit en me disant : « Tu vas partir, rien ne changera et tu vas passer pour un rigolo ! »

Quand j’eus fini de prier, je me relevais pour encourager cet homme à s’attendre à Jésus et à espérer dans la foi. A ma stupéfaction, il s’agrippa à mon bras se leva sur ses deux jambes, arquées et encore fébriles, puis s’engagea seul dans une démarche incertaine jusqu'à l'autre bout de la pièce ! Vu de dos, on aurait cru un bébé faisait maladroitement ses premiers pas.
Il revint rapidement, le visage contracté mais heureux, puis vint s’agenouiller devant moi et, me baisant les mains, il me bénit de mille mots !

Naturellement, je lui interdis de me remercier, moi, mais plutôt Celui qui était l'auteur de ce miracle, notre Seigneur et Sauveur Jésus.

Sa compagne était très choquée, elle pleurait, elle essayait de l’aider à se coucher, elle le regardait ne réalisant pas très bien la situation. Je crois qu’elle n’avait jamais envisagé une telle éventualité ni la possibilité d'une telle guérison.

Alors, adressant un regard vers Youssef, je lui dis : « Tu viens au travail ? » Il me répondit joyeusement : « Oui ! »
En fait, je ne désirais pas m’éterniser suite à cet heureux dénouement pour ne pas recevoir les honneurs que seul Jésus pouvait et devait recevoir. A vrai dire, j'étais choqué autant qu'émerveillé du résultat qu'ils l'étaient eux-mêmes !

Dans la voiture, avant de partir vers notre travail, je m’adressais alors à Youssef en lui disant : « Youssef, réponds-moi franchement, il était vraiment paralysé ton père ? »

JE CHANTE COMME UN CANARD

J'ai très souvent été, soit l'objet, soit le témoin de l'humour de Dieu, qu'en fait, je qualifierai plus volontiers de l'Amour de Dieu.

Le souvenir qui me vient en premier à l'esprit me ramène dans une Eglise de Nice, rue Boyslève. La veille de ce dimanche de culte, je parlais à Dieu du problème de ma voix rauque, trop basse pour que je puisse aisément chanter les cantiques de l'Eglise.

Avant mes 13 ans j'avais une voix aiguë, je pouvais chanter n'importe quel accord et j'avais même du succès à l'école. Depuis que ma voix a muée, j'ai gardé l'oreille musicale, mais je me sens terriblement handicapé par mes cordes vocales trop rigides.
Je confessais à Dieu que j'aimais les cantiques mais que devoir chanter avec cette voix était un supplice pour moi.

Le lendemain, arrivé tôt au culte, je m'asseyais à un endroit dégagé et je me souviens parfaitement que j'étais en chemise blanche car, étant au printemps, je n'avais pas pris de veste.

Le culte commença et le Pasteur MUZART déclara que nous attendions, d'une minute à l'autre, des invités très spéciaux ! Effectivement, pendant que quelques prières s'élevaient, un groupe fit irruption dans l'Eglise ! Ils se jetèrent littéralement sur les sièges qui m’environnaient sur deux rangées et, chose curieuse, ils portaient tous des chemises blanches, identiques à la mienne.

Je compris la situation lorsque le Frère MUZART déclara que le groupe musical venu de Saint- Etienne nous offrait le privilège de chanter au milieu de nous ce matin là. Et moi, je me retrouvais au centre de cet orchestre, moi le chanteur à la voix de bois !

Je soufflais alors à l'oreille de mon voisin : « Je suis là par hasard, je ne suis pas des vôtres et, de plus, je chante comme un canard ! » Il me répondit : « Fais semblant ! »
Ah mais, je n'aimais pas du tout cette situation. Je regardais discrètement si je pouvais m'échapper à droite ou à gauche pour rejoindre mon "monde", mais ils étaient à l'aise comme ce n’est pas permis ! J'étais cerné, bloqué, coincé, honteux, etc.…

Tout à coup, je me suis souvenu avoir, la veille, dit à Jésus que j'avais des problèmes pour chanter ! Par conséquent, il ne fallait pas chercher le pourquoi de cette situation ! Nous dirons que c'était la "providence".

Pour couronner le tout (ou moi, peut-être), le groupe se leva comme un seul homme et se mit à chanter le premier chœur.
D'abord surpris de me retrouver assis, tout petit au milieu d'eux, je me décidais à prendre le risque de sauver au moins les apparences et de me lever. Que personne n'aille penser que l'un des leurs ai été malade !

A ma grande surprise, une partie du groupe entonna un chant très haut dès le début et, au moment du refrain, mes voisins seuls chantaient avec des voix plus basses qu'Ivan REBROFF... Après quelques secondes d'écoute attentive du chant je suivais très facilement le rythme, d'autant plus qu'ils étaient aussi handicapés que moi quant au ton de leur voix.

Je compris très vite le message du Seigneur… « Quelle que soit notre voix, nous avons tous une place et une "voie" à suivre... »


MON FRERE, TE REVOILA !

La deuxième histoire drôle qui me soit arrivée avec le Seigneur s'est déroulée à Nice.

J'allai à ce moment à l'Eglise du Boulevard Walesa. Mon neveu, Pierre, originaire de Briançon, était chez nous en vacances.
A pratiquement toutes mes sorties, notamment pour mon travail, il ne rechignait pas à m'accompagner, mais, pour ce qui était de l'inviter à une réunion d'Eglise, je devais me lever de bonne heure !

Un dimanche matin pourtant, il accepta, non sans me mettre en garde de ne le présenter à personne et de nous tenir à l'écart ! C'était afin qu'il ne se sente pas gêné. J'acceptais cette condition et comprenais parfaitement son point de vue.

Arrivé un peu avant l'heure, je devançais Pierre pour saluer mes frères et sœurs dans la foi, laissant mon neveu vers l'entrée. A ce moment, un frère de bonne corpulence me croisa en tenant les deux bras en l'air et en s'écriant : « Oh ! Mon frère, te revoilààààà !!! » Et il embrassa Pierre si fortement, que j'ai cru qu'il allait l'étouffer dans ses bras.
Pourtant, d'un seul coup, interpellé par le manque de réaction de la part de Pierre, il lâcha son étreinte et se recula un peu de ce Pierre qui ressemblait plus à une victime qui a reçu un gros pétard qu'à mon neveu et, confondu en excuses, s'exclama : « Oh ! Je suis désolé, je vous ai pris pour le frère Henri, vous lui ressemblez tant ! »

Le dimanche suivant, je l'ai invité à nouveau à une réunion et il refusa catégoriquement. Alors, je lui proposais de voir l'Assemblée de Cimiez, une église de plus de cinq cent personnes. « Là bas, ce serait l'anonymat parfait ! » Argumentais-je.
D'abord sceptique, puis consentant, il me mit en garde de nouveau d'accepter sa condition qui fut, cette fois, d'arriver en retard et de se placer tout au fond. « Pas de problème ! » Lui dis-je.

Nous arrivions, comme convenu, largement en retard et, dès l'entrée, un frère noir nous salua et, nous prenant par le bras, nous conduisit pour nous placer. Jamais, depuis que je connaissais cette Eglise, je n'avais vu la salle comble avec des personnes debout à l'arrière. Le frère ne cessait de nous pousser vers l'avant mais je ne voyais pourtant aucune place de libre dans mon champ de vision ! Sauf… oui ! Je voyais bien le podium de l'orchestre vide ! Mais non, il n'osera pas ! Me dis-je. Non ! Je n'y crois pas ! Il nous poussa à gravir l'escalier de l'estrade, là devant toute l'assemblée !

Nous avons dû monter sur l'estrade et il nous fit asseoir sur deux chaises… près du prédicateur, en face de toute l'assemblée qui ne regardait que nous !

POURQUOI PAS ?

Ce témoignage est un véritable conte de fée pour celui que le Seigneur a placé sur ma route.
Cette histoire m'est arrivée en 1984 à Nice, ville où j'étais installé en entreprise individuelle.

J'avais rendez-vous avec la Société PEBEO, à Marseille, au sujet de nos affaires en cours et je décidais, ce jour là, de partir vers 13h par l'autoroute.

Bien avant de m'engager sur la bretelle de l'autoroute, je parlais avec Jésus tout en conduisant et je Lui proposais de m'utiliser afin que je puisse apporter un service ou un témoignage ou bien, même, avoir la possibilité d'intercéder sur la route, selon que je serais conduit par son Esprit.

Arrivé sur la bretelle d'accès Nice Est, je remarquais un homme assis sur le bas côté, un sac entre ses jambes, qui semblait écrire sur un genre de carnet. Très distinctement, le Seigneur me dit : « Arrêtes-toi et prends-le avec toi ! »

Certains diront que je suis présomptueux de dire, pratiquement à chacun de mes témoignages, que j'ai entendu le Seigneur me dire quelque chose ! Je soulignerais simplement que j'apporte toujours la preuve, dans la suite de mes récits, que ce n'était pas mon imagination qui me jouait des tours. En effet, chacune de ces "aventures" exceptionnelles ont toujours trouvé des issues aussi heureuses qu'étonnantes par le seul fait que j'aie obéi à cette voix qui me parlait en faisant écho à mes prières.

Je décidais donc de croire cette voix qui me disait de prendre cet homme qui, visiblement, ne demandait rien ! Il ne faisait pas d'auto stop mais son sac de sport (ou de voyage), laissait présager qu'il était sur la bretelle de l'autoroute pour voyager.

Je m'arrêtais devant lui sans stopper le moteur et, ouvrant la vitre du côté passager, par un bref coup de Klaxon, j'attirais son attention de mon côté. Il ne daigna même pas m'adresser un seul mot, pourtant je lui fit cette demande : « Où allez-vous ? » Il me répondit : « Nul part ! Et vous ? » « Jusqu'à Marseille ! » Lui répondis-je.

Il parut indécis et, après un moment d'hésitation, rangea son carnet dans son sac, se leva, se dirigea vers ma portière et me dit : « Pourquoi pas ! » Et il s'installa dans la voiture d'une manière nonchalante.

Les premiers moments étaient lourds de silence et je n'osais pas écouter mes cassettes de cantiques, ne connaissant pas mon passager. Il devait avoir 22ans, habillé d'un style décontracté, propre et s'exprimant de façon correcte.

Au fur et à mesure que je roulais, une chose étrange se déroulait dans ma tête. D'abord, ce fut une impression de "voir la vie" de ce garçon, comme si je le connaissais depuis longtemps. J'avais la connaissance d'un évènement très grave qui lui arrivait en ce moment et je voulais le lui dire. Pourtant, je n'avais pas l'absolue certitude que ce que je ressentais avec une telle intensité vienne de l'Esprit de Dieu et je ne souhaitais pas passer pour un idiot.
Alors, au sein de ce dilemme intérieur, je me dis : « Je vais rapporter ce que j'ai à lui dire en lui parlant de mon passé, ainsi, si je me trompe, il ne s'en rendra même pas compte. »

Je lui racontais alors comment, étant jeune, j'étais descendu de Paris avec une bande de copains pour tenter ma chance en communauté à Nice. Je lui confiais que, très vite, nos rapports s'étaient détériorés. Les finances nous faisaient cruellement défaut, le travail en dehors de la saison touristique était difficile à trouver et puis, la trahison s'en est mêlée. Résultat ! Nous nous sommes séparés et j'ai bien failli finir clochard à voler du lait sur les pas de porte, mendiant du pain au boulanger, au point d'en finir avec la vie même.

Stupéfait, il se tourna vers moi et me dit très fort : « Tu es un ange ! Ou alors un voyant ! »
Alors là, je pensais en moi-même : « Bien joué Seigneur, on est sur la bonne voie ! »
Je certifiais à mon jeune passager que je n'étais ni l'un ni l'autre, mais que, s'il le désirait, j'étais en mesure de lui expliquer pourquoi je lui parlais de cela.
Alors, il se présenta. James était son prénom. Il venait de Mantes la jolie et, effectivement, tout ce que je lui avais dit de mon passé correspondait à ce qu'il vivait.
Il se proposa de me lire ce qu'il écrivait sur son calepin lorsque je l'ai accosté en voiture et sortit calmement son carnet, l'ouvrit, et me lu à haute voix ce qu'il venait d'écrire.

" Oh, Esprit ! Ou Dieu ! Qui que tu sois, sache que je veux en finir avec cette vie, j'ai pris la décision de me jeter sous les roues du premier camion qui passera devant moi, je ne sais pas pourquoi je t'écris ça mais j'ose croire que tu existes là-haut, quelque part, et que tu serais capable de m'envoyer un signe ou un ange, pour m'arrêter ! "

A cet instant, nous avons eu les larmes aux yeux, tous les deux. Je lui posais une main affectueuse sur l'épaule et je lui dis : « Tu as trouvé ta réponse, je vais te parler de Lui ! » Durant une heure de route, nous avons discuté de Dieu, de Jésus, de nos vies.

Arrivé à l'entrée de Marseille, logiquement je devais le déposer au péage pour qu'il continue sa route mais, là encore, le Seigneur me mit à cœur de le garder avec moi. Je lui dis donc : « Je sais maintenant que Dieu t'a empêché de te suicider et je crois que nous devons rester encore un peu ensemble. » Je le déposais devant un café, juste avant mon lieu de rendez-vous.
Je lui laissais de l'argent pour se restaurer et lui donnais rendez-vous en fin d'après-midi. Il descendit de la voiture laissant ses affaires et quand je lui signalais qu'il oubliait son sac, il me répondit avec le sourire : « Puisque tu dois repasser, je les laisse dans la voiture ! » Cette marque de confiance renforçait notre amitié.
Vers 18h30, je passais le reprendre pour retourner à Nice. Là encore, la discussion n'en finissait plus entre-nous, d'autant qu'il me posait toutes les questions sans réponses qu'il avait dû stocker durant ces vingt deux années. Le moral était d'autant plus excellent que les cantiques, que je m'étais décidé à passer, réjouissaient nos âmes.

A l'approche de Nice, je lui dis que, d'habitude, le mercredi soir, à 20h, j'avais une réunion de prières. Je poursuivais en lui disant que je ferais une exception compte tenu des évènements particuliers qui étaient en train de se passer. Il me répondit que cela lui plairait bien de voir à quoi ressemblait l'Eglise dont je lui avais parlé. Nous sommes donc allés directement à l'Eglise de l'Ariane conduite par le Pasteur Christian KADI

Ce soir là, au lieu d'un enseignement, le Pasteur a apporté un message d'évangélisation. Ce message parla beaucoup à James.

Pendant que les prières s'élevaient, James semblait très concentré sur sa pensée et, soudain, une parole prophétique se fit entendre disant : « Tu es le fils prodigue, tu as voulu n'en faire qu'à ta tête et tu t'es embourbé comme un char. Si tu te tournes vers moi maintenant, je prends ta vie en main. Confies-toi en ton Dieu de tout ton cœur ! »

J'ai senti, à ce moment là, que James avait pris ce message pour lui, d'autant que nous étions arrivés en retard et que la personne qui avait donné cette pensée ne le connaissait même pas.
A la fin de la réunion, je parlais de James au Pasteur Kadi qui lui donna un peu d'argent. Vers neuf heures du soir, je présentais James à ma femme qui nous servit un bon repas et nous lui avons préparé le divan pour la nuit.

Le lendemain matin, vers 7 heures, nous sommes descendus dans mon atelier, sous la maison. Là, dans mon bureau, je lui dis : « James, nous allons prier le Seigneur ensemble et toi, tu vas demander exactement ce que tu désires car Dieu veut t'exaucer. D'autre part, je ne peux pas te garder chez moi et je t'accorde mon temps jusqu'à midi. Après "midi", tu devras te débrouiller sans moi »!
Et, avec conviction, je dis : « Seigneur, toi qui as dit "j'accompagnerai ma parole par des signes et des miracles", exauce mon frère James ! »

Nous sommes alors partis en direction de Nice, sans but ni lieu précis. Je me garais tout à fait par hasard rue Pertinax, devant un bar. James me dit qu'il accepterait n'importe quel travail et que le principal pour lui était de gagner sa vie. Pendant que nous prenions un café, j'ouvris la page de mon journal sur les offres d'emplois, pensant qu'avec mes relations dans Nice et la volonté de Dieu je lui trouverais un employeur rapidement.
Mais là ! Curieusement, pas une place ! Pas une offre ! Je tournais et retournais nerveusement les pages pensant que la rubrique était ailleurs, mais assurément, non !

Encore une fois, il y eut un combat dans mon esprit, une petite voix sadique qui me criait : « Prétentieux ! Tu as l'air malin maintenant. Qu'est-ce que tu vas dire à ton petit protégé ? … Désolé pour toi ! Au revoir ! Bonne chance ! »
Elle avait raison sur un point, cette pensée, j'avais été bien prétentieux de croire en mes capacités et d'avoir prétendu qu'à "midi" James serait exaucé ! Je demandais humblement pardon à Dieu de l'avoir ainsi tenté à cause de mon zèle.

Neuf heures du matin, deux cafés et… beaucoup de questions plus tard, je ramassais une grosse tape amicale sur l'épaule. C'était l'un de mes clients déménageurs qui venait livrer des meubles à la salle des ventes, à cinquante mètres de nous, rue Pertinax ! Le nom de cette Entreprise était "Le Dauphinois". Le Patron s'assit près de nous et commença à marmonner très "familièrement" des reproches à l'encontre de l'un de ses employés qui, paraît-il, était en retard tous les jours et, qui plus est, en état d'ivresse permanent.
Je saisissais alors l'opportunité de lui présenter James comme demandeur d'emploi. Le patron lui demanda s'il se sentait d'assumer un travail de déménageur et James répondit : « Mais, je suis déménageur ! » Et il produisit un certificat attestant ses dires.

Pendant qu'ils se serraient la main et discutaient les horaires, je crus un instant que j'étais déjà au paradis tant la surprise de cette réponse m'avait saisie. Pourtant, ma joie s'effaça bien vite lorsque j'eus la pensée d'un autre problème. Je dis au nouveau patron de James : « Oui, mais il y à un problème, c'est que James n'à pas de domicile ! » Il me répondit sèchement : « Ca tombe bien, j'ai le studio que je prête à cet ivrogne et je vais le virer sur-le-champ ! Suivez-moi ! »
Et, le croiriez-vous ? Cinquante mètres plus loin, sur le même trottoir, toujours rue Pertinax, nous sommes entrés sous un porche et là, nous avons traversé une cour. Et là, un étage plus haut, une porte entrouverte, les clés à l'intérieur et… personne dans l'appartement ! L'employé déménageur était bel et bien parti.

Le propriétaire, ouvrant les fenêtres, dit à James : « On tâchera de te trouver un lit et une table sinon, tu as déjà le minimum pour la cuisine et une douche-wc. Pour le loyer, c'est un avantage en nature qui sera porté sur ta feuille de paie ! »

Il remit les clés à James et lui donna rendez-vous pour débuter son travail le lendemain à 7heures pour aller à Marseille et ramener des meubles sur Nice.

Après avoir passé un coup de balai et rangées les bouteilles vides laissées par le précédent locataire indélicat, nous refermions l'appartement à clés et je décidais de chercher un sac de couchage ou des couvertures pour James. A peine étions nous arrivés à la voiture que je ramassais encore une tape amicale sur l'épaule. Cette fois, c'était une vieille connaissance dont la femme tenait un magasin de vêtements appelé "Marlène Boutique". Devinez où était ce magasin ? Bien entendu, vous avez deviné ! Dans cette même rue Pertinax.
Il me dit que c'était la période des soldes et que, comme chaque année, je devais décorer sa vitrine. C'était donc le moment opportun pour y passer.

Nous nous sommes donc rendus chez Marlène et je lui présentais James qui lui raconta son histoire. Elle le prit aussitôt en affection et me dit : « Pendant que tu prends les mesures sur mes vitrines, je vais habiller ton petit protégé ! »
Elle lui trouva un beau Jeans, un pull, une veste, une chemise, et tout cela gratuitement, comme un remerciement à la belle histoire qui lui avait été racontée. Enfin, je remis à James l'argent de l'acompte qu'elle m’avait versé pour mon travail de déco.

Nous avons pris ensuite la direction de La Trinité pour retourner à mon domicile quand, passant devant le magasin de meubles Molinello, je me souvins tout à coup que derrière ce magasin étaient entassés les meubles dont les clients se débarrassaient pour les remplacer par des neufs. Avec l'accord du Gérant, nous avons chargé dans le break : Un cosy lit d'une place, un sommier, un matelas, un fauteuil, une petite table, une chaise et, de là, nous sommes passés chez moi pour prendre une paire de draps et deux couvertures.

Vers onze heures, nous retournions sur les lieux de son nouveau domicile pour y emménager les quelques meubles que nous avions récupérés. Après avoir rangé tous les meubles et fait le lit, James tira du fond de son sac quelques livres et son précieux carnet qu'il disposa le long de l'étagère du cosy. Nous avons regardé ce carnet dans lequel s'inscrivait son cri à l'attention de Dieu et, à ce moment là, nous avons entendu sonner les cloches de l'Eglise Notre Dame, tout près de notre rue… Il était MIDI !


Je tiens à remercier tout particulièrement mon frère en Jésus et mon Ami Gilles CAVALIER Prédicateur de l'Evangile pour son aide précieuse, à avoir corriger et mis en page cet ouvrage.

ANTON Georges-Paul
paulanton@wanadoo.fr
 
Inconnu
Mon âme, bénis l’Eternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits ! Psaumes 103 : 2 - ( conversions - bénédictions ) modifié le 23-01-2006


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